Elle ajuste des lunettes Prada bleues et se débarrasse d'un sac à motif crypto-Vuitton, et on se retrouve à percuter de plein fouet le poncif de la frénésie de l'Asie pour les sigles de luxe. Elle s'émeut du fringuant Alain Delon dans Zorro ou confesse son admiration de chanteuse manquée pour Céline Dion, et s'impose alors le cliché des goûts et des couleurs des autres. Elle évoque le romantisme supposé du séducteur français qu'elle oppose au pragmatisme chinois, et c'est comme si elle nous tendait le miroir de nos méconnaissances réciproques, le tout doublé d'une civilité étrange venue en droite ligne d'un continent mystérieux, intrigant, compliqué, ne rayez aucune de ces mentions inutiles... On pensait pourtant que Gong Li, actrice intense et beauté particulière, pouvait représenter une idéale passerelle entre la Chine et l'Occident. Réputation de rebelle tourmentée par les autorités, comme les aime à l'Ouest, individualiste et libéral.
Visage composite, trafiquant les canons orientaux sans pour autant rendre les armes à la blondeur platine. Et surtout, incarnation d'une féminité forte, sans peur et s'en foutant des reproches. Donc, l'héroïne d'un siècle où la femme s'éveillera, si tant est que la «bonne femmisation» du monde ne nous vaut pas à tous des destins de porcelaine: fragiles, mièvres et prudes. Et puis, patatras: Prada, Vuitton, Delon, etc" Mais aussi, en moins assimilables, en moins signifiants: son besoin de longues nuits de sommeil, sa collection d