Avec la disparition de Vittorio Gassman, quatre ans après celle de Marcello Mastroianni, c’est un lourd catafalque qui s’abat sur tout un pan de l’histoire du cinéma italien: celui de l’âge d’or, qui court depuis l’après-guerre jusqu’au mitan des années 70, et dont Vittorio Gassman fut l’une des plus incandescentes éminences. Avec son vieil ami Mastroianni, dont il n’a jamais tout à fait égalé la notoriété internationale, Gassman restera en tout cas l’acteur le plus populaire qu’ait chéri son pays, l’Italie, où il a travaillé intensément, du théâtre au cinéma, comme acteur et metteur en scène, en passant par la télévision (et même la réalisation de documentaires), avec une boulimie que seul un méchant cancer dont on le savait atteint depuis quelques années avait pu refréner, sinon tout à fait tarir.
Né le 1er septembre 1922 à Gênes, Vittorio Gassman apprend son art sur les planches milanaises, avec la troupe d'Alda Borelli. C'est sa mère qui, consciente de ses dons, l'a poussé très jeune vers le théâtre; il ne le quittera jamais. C'est par le théâtre qu'il rencontrera notamment Visconti, et c'est toujours aux feux de la rampe qu'il déclarait devoir ses plus grands bonheurs, même si c'est sa carrière cinématographique, incroyablement profuse, qui le rendra célèbre. Une carrière amorcée, en 1946, avec la Fille maudite de Giovanni Paolucci et Daniele Cortis (1947), du maître secret Mario Soldati. Trois importants mélodrames sociaux émergent de la période suivante, pour l'essenti