A la fin du dernier Festival de Cannes, un coup de fil matinal nous annonce que Jean-Pierre Léaud a décidé de se faire photographier dans sa chambre du Carlton "en smoking entouré de deux actrices porno". Ce caprice, émanant qui plus est d'un acteur réputé pour avoir une sainte horreur de se faire tirer le portrait, n'en était pas un ; il s'agissait pour Léaud d'annoncer le lancement du tournage de son nouveau film, l'Ouverture de la chasse ou un homme à la recherche de sa dignité, second long métrage écrit et réalisé par Bertrand Bonello, dans lequel il joue le rôle d'un cinéaste vieillissant ayant passé sa vie à tourner du porno.

Quelques semaines plus tard, dans un studio de cinéma de la banlieue parisienne, on retrouve Léaud à pied d'oeuvre. Autour de lui (56 ans) s'active une équipe composée de gens très jeunes, 30 ans maximum. Le budget du film est ric-rac, il a fallu faire appel aux bonnes volontés des participants plus qu'à l'appât du gain.

Il apparaît rapidement que le studio loué pour la journée n'est pas vraiment aux normes. Mal insonorisé - les prises sont interrompues par les coups de marteau d'un forcené qui a prévenu de son intention de clouer tout ce qui lui passe sous la main jusqu'au soir. La régie s'affole, la prod (Carole Scotta et Caroline Benjo de Haut et court) fronce les sourcils, mais sous son casque l'ingénieur du son reste stoïque et Bertrand Bonello accueille ces petites contrariétés avec un sourire pour le moins zen. Rien ni personne ne parait pouv