Le Colombien Fernando Vallejo, 58 ans, est l'auteur de plusieurs romans, d'une Grammaire du langage littéraire et d'une saga autobiographique, le Fleuve du temps. Considéré comme «le fantôme littéraire de la Colombie» en raison de sa discrétion (pas de photo, peu d'interviews), Vallejo a néanmoins accepté d'accompagner la sortie de la Vierge des tueurs qu'il a adapté pour Schroeder, dont c'est le treizième film.
Comment vous êtes-vous rencontrés?
Barbet Schroeder: Un ami cinéaste colombien m'a conseillé de lire l'oeuvre de Fernando Vallejo. Je me suis procuré tous ses livres. J'ai découvert son oeuvre majeure El rio del tiempo, qui m'a passionné. J'étais tellement emporté par la musique de la langue, que je ne me servais même pas du dictionnaire. Je l'ai rencontré pour voir ce qu'on pouvait faire ensemble. Quand j'ai rencontré Bukowski, je voulais travailler sur un scénario original, parce que je ne voulais pas adapter un de ses romans. Là, c'était pareil. Mais après mon coup de fil, Fernando a réfléchi et a pensé à la Vierge des tueurs.
Fernando Vallejo: Je pensais effectivement que la Vierge des tueurs était mon livre le plus narratif, donc le plus propice à une adaptation. J'ai suivi des études cinématographiques, réalisé trois films. Mais, aujourd'hui, je n'aime plus le cinéma. Pourtant, c'est très facile pour moi d'écrire des dialogues, de faire parler des garçons de ma ville. Je n'ai même pas relu le livre, j'ai travaillé