Il y a quelques années, en 1991, Raoul Peck avait déjà signé un film sur Patrice Lumumba, un documentaire qui s'intitulait Lumumba, la mort d'un prophète et mêlait les souvenirs personnels de Peck, fils d'un intellectuel haïtien venu aider le Congo nouvellement indépendant, avec une enquête plus traditionnelle sur les événements sanglants qui aboutirent à la chute, à l'enlèvement, puis à l'assassinat du leader africain. Le résultat était splendide. On est d'autant plus déçu du film «de fiction» Lumumba, plus classique et visant un plus large public, que Peck a réalisé l'année dernière. S'il présente le mérite de rappeler en termes clairs une tragédie relativement méconnue du public français, et aussi l'avantage de montrer l'histoire de l'Afrique du point de vue des Noirs, le récit hésite trop entre le ton du thriller et celui du film politique. Mais Raoul Peck a réalisé suffisamment de films intéressants, il a trop montré son engagement (il a été ministre en Haïti et continue à donner son avis polémique sur ce qui se passe dans son pays meurtri), pour qu'on ne lui laisse pas l'occasion de défendre ce Lumumba.
Pourquoi être revenu sur le cas Lumumba?
J'ai toujours pensé faire un thriller politique sur les dernières heures de Patrice Lumumba, sur ce complot ourdi par les Belges et les Américains, auquel a participé son ami Mobutu. Le documentaire a été un accident : en faisant des recherches, j'avais fait des découvertes que je voulais partager.
Qu'apporte cette fiction?
Elle permet aux gens qui ne vont pas souvent au cinéma de découvrir cette