Tourné en 1990, juste avant Close up et Et la vie continue, Devoirs du soir est présenté par Kiarostami lui-même comme «un travail de recherche», «une étude filmée sur les devoirs du soir». Les enfants défilent devant la caméra du réalisateur iranien comme devant un conseil de discipline. Planqué derrière ses grosses lunettes fumées, Kiarostami fait figure d'accoucheur et de censeur à la fois. Il leur pose des questions de père désarmé, d'éducateur inquiet. «Est-ce que tu préfères faire tes devoirs ou regarder les dessins animés ?» ; «Est-ce que tes parents, tes frères ou tes soeurs t'aident à faire tes devoirs ?», «Est-ce que tes parents te punissent, est-ce que tes parents t'encouragent ?» L'interrogation filmée de Kiarostami oscille entre ces deux pôles : l'encouragement et/ou la punition. «Qu'est-ce que ça veut dire, punir ?», demande-t-il à un élève.
«Ça veut dire frapper», répond celui-ci. «Qu'est-ce que ça veut dire encourager ?», poursuit l'auteur. «Ça veut dire frapper dans les mains, applaudir.» Dans les deux cas, pour encourager ou pour punir, il faut frapper. Kiarostami met à jour cette problématique pédagogique complexe en insistant, à mesure que le film se met en place, sur la crainte qui étreint les enfants. L'un d'eux, par exemple, pleure à chaudes larmes. Il ne veut pas être filmé sans son ami. Depuis que la maîtresse l'a frappé avec une règle, il chie dans son froc dès que la cloche sonne... Devoirs du soir fonctionne comme le négatif de Zéro de conduite, de