El Chivo vivait ici, au 50 de la rue Institut-de-l'Hygiène, dans la Colonia Popotla, un quartier populaire de Mexico. Alejandro González Iñárritu n'y était pas revenu depuis la fin du tournage d'Amours Chiennes, il y a un an et demi. C'est le décor d'un des trois épisodes du film, la tanière où habite, entouré de ses chiens, le guérillero devenu tueur à gages. L'endroit suinte la tristesse, les pièces désertes sentent la poussière et l'humidité. «C'est cette odeur qui m'a convaincu», avoue le réalisateur. Au fond de la cour, la tête d'un homme apparaît dans l'entrebâillement d'une porte: «Quelle surprise!» s'écrie monsieur Avila, le propriétaire. «Alors, vous avez vu votre maison au cinéma?» s'enquiert le visiteur. «Non, mais vous, je vous vois sans arrêt à la télévision», rigole le vieil homme.
Braqueurs figurants
«Nous étions sur le point de construire un décor en studio quand je suis tombé sur cet endroit, se souvient Alejandro González Iñárritu. C'était exactement le reflet du personnage du Chivo. Un militant de gauche qui avait eu une vie de famille dans cette maison, puis avait tout quitté pour rejoindre la lutte armée. Après des années de prison, il revient vivre, seul, dans ce lieu laissé à l'abandon.» «C'est la maison de mon enfance, intervient monsieur Avila. Quand mon père s'est retrouvé seul, il a fait des affaires hasardeuses et pour gagner un peu d'argent, il a commencé à louer les chambres l'une après l'