Isabelle Huppert, intriguée jusqu'au vertige par les inventions de son chérubin mythomane, l'accompagne au domicile de l'inconnue qu'il prend pour sa «vraie maman». Surgit alors une étrange dame qui, en l'absence de l'intéressée, leur ouvre la porte. Celle de l'appartement comme celle de la plus improbable des fictions. L'actrice qui, dans la Comédie de l'innocence, prête à cette logeuse son profil d'aigle, son oeil hagard et sa voix chevrotante, s'appelle Edith Scob et cela fait bien quarante ans que sa tâche consiste en cela: ouvrir grand les portes de l'irrationnel et infuser dans un cinéma français si cartésien une inquiétude fiévreuse venue d'on ne sait où. Ou plutôt, on ne le sait que trop: d'un film qui depuis 1959 inocule sans discontinuer ses charmes néfastes, les Yeux sans visage de Georges Franju, dans lequel la jeune Edith recouverte d'un masque jouait la fille défigurée du machiavélique Pierre Brasseur.
«Mon come-back». L'actualité d'Edith Scob aujourd'hui est double, puisqu'elle interprète aussi la mère castratrice d'Anne Brochet dans la Chambre des magiciennes, la comédie aux confins du fantastique de Claude Miller (voir page 37). Elle est aussi la mère arachnéenne, improvisée génie du mal, de Vincent Cassel dans le Pacte des loups... Depuis deux ans, elle est un second rôle en vogue. «J'ai fait mon come-back», commente-t-elle avec malice dans son élégante maison parisienne près de Bastille. Ce retour date de Vénus Beauté (Institut). Elle y incarnait l'une des