Ex-Palme d'or 1997 pour le Goût de la cerise, Abbas Kiarostami revient à Cannes par la porte du documentaire, avec ABC Africa, tourné en Ouganda. Le Fonds international de développement agricole a proposé au cinéaste iranien de rendre compte d'une opération de secours auprès d'enfants africains, dont les parents ont été décimés par le sida. Kiarostami sillonne le pays, de villes en villages, et interroge la population sur l'épidémie, le discours de l'Eglise sur la prévention, et aussi sur d'autres fléaux, comme la guerre ou le paludisme.
D'un point de vue journalistique, le film se montre néanmoins assez peu fourni en infos. Toutes les dix minutes, une voix off égrène les bienfaits de l'association humanitaire comme on respecte un cahier des charges. Manifestement, l'enjeu n'est pas là.
Aimantés. Kiarostami transforme la commande en une réflexion théorique où il met à nu le fondement de son désir de cinéma. A savoir interroger sans répit quelles relations de pouvoir et de désir se nouent entre celui qui filme et celui qui, aimanté par la caméra, se sait filmé. Le cinéaste traîne nonchalamment son regard sur des foules de jeunes Ougandais qui se jettent vers lui en riant et plantent leurs yeux dans son objectif. Lors d'une très belle scène s'apparentant à une traque patiente de fauve, il tient son appareil au ras du sol et attend qu'une gamine de 2 ou 3 ans, batifolant dans un hall d'hôtel, découvre la petite machine qui la filme et tente de la charmer. Le rega