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Libération
Critique

La dolce morte

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Autour de la disparition d'un enfant, le film le plus doux et le plus mesuré de Nanni Moretti.
publié le 18 mai 2001 à 0h55

C’est un adolescent qui joue au tennis. Il remplit tout l’espace en poursuivant des balles; il les rattrape à la volée, les renvoie d’un revers. Mais à qui les renvoie-t-il? Ça, on ne le saura jamais, puisque Nanni Moretti a choisi d’éluder le contrechamp sur son partenaire de jeu.

Le garçon de la Chambre du fils ne renvoie donc ses balles à personne. Il est seul sur le court, contrairement à sa soeur qui joue au basket, fait partie d’une équipe et multiplie les passes. Ses balles se perdent dans le hors champ. Pas étonnant alors que, comme le lui reproche son père, un peu médusé, il n’ait pas très envie de se battre. Pas étonnant non plus qu’un peu plus tard, au coeur du film, il disparaisse pour toujours au fond d’une grotte sous-marine pendant une séance de plongée. Ses parents, déchirés par la peine, ne comprennent pas ce qui a pu pousser leur fils à s’enfoncer dans une grotte jusqu’à ne plus pouvoir retrouver le chemin de la sortie. C’est la piste la plus émouvante de la Chambre du fils. Avant même l’accident, quelque chose dans la présence silencieuse de ce garçon, son sourire mi-radieux mi-triste, paraît un peu évanescent. Comme si son énergie vitale était déjà défaillante. Comme si, de façon tout à fait inconsciente, il avait pu désirer sa propre disparition.

La mort survient et, brutalement, tout fait signe. Le long couloir que le père (Nanni Moretti) arpente pour aller de son cabinet de psychanalyste à son appartement privé, dédale de corridors dans l'o