Dans une histoire (à faire) du vidéo-clip, Tommy de Ken Russell figurerait en bonne place. En 1974, Brian De Palma signait son Phantom of the Paradise. La même année, Ken Russell louche du côté de l'adaptation en opéra-rock du double album des Who, Tommy. Il s'agissait pour le réalisateur de Mahler de donner un sens à ce qui n'était au départ qu'un caprice de gamin. Que Pete Townshend ait crié à la trahison relève de la mythologie du rock : le caractériel guitariste et compositeur des Who avait très bien senti que la copie de Russell dépassait de loin l'original. Ce qui ressort au premier plan de Tommy, c'est un enchaînement de micro-fantasmes, un penchant pour le mauvais goût à la croisée d'un Andy Warhol et d'un Paul McCarthy. On y voit l'actrice Ann-Margret plongée dans des beans, une statue de Marilyn en guise de Christ. Pour Russell comme pour les acteurs, l'histoire d'un enfant devenu aveugle, sourd et muet parce qu'il a vu ses parents forniquer n'était qu'un prétexte à se fendre la poire.
Cela n'empêche pas une bande originale qui s'avère plus que précieuse. Outre la présence de stars chantantes telles que The Who, Eric Clapton, Elton John ou Tina Turner, on apprécie Jack Nicholson dans le rôle du docteur, et Oliver Reed dans celui du beau-père de Tommy. L'intonation sexy d'Ann-Margret (la mère de Tommy) ressemble étrangement à celle de Susan Sarandon dans le Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman. En 1975, ces deux films se suivent: la programmation de ce soir les r