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Libération
Portrait

La réponse juive.

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Claude Lanzmann, 76 ans, directeur des «Temps modernes», cinéaste de «Shoah», son «Sobibor» sort sur les écrans.
publié le 27 octobre 2001 à 1h23
(mis à jour le 27 octobre 2001 à 1h23)

L'été dernier, Claude, 76 ans, a dit à Jacques, 74: «Tu es beaucoup plus connu que moi en France, mais je suis beaucoup plus connu que toi dans le monde.» Un traité de paix, entre les deux frères Lanzmann qui se sont toujours disputés sur tout, les billes, le communisme, Israël, les femmes... «Un jour, on devait avoir 50, 52 ans, et j'avais fait un bouquin où je racontais des histoires que j'avais eues avec des lectrices», dit Jacques. «Claude a lu le livre et m'a dit: "Il faudrait cesser ces histoires de sexe. Il faut de la pudeur, à notre âge." Je l'ai cru, comme d'habitude, ça m'a fait réfléchir. Mais lui n'a rien arrêté du tout. C'est un type insupportable.»

L'homme de Shoah est un formidable vivant. Massif, la tête posée sur les épaules, la démarche préhistorique, il désigne des photographies récentes posées sur sa bibliothèque: «Moi en parachute. Moi qui fais du ski nautique. Moi avec mon bébé.» Claude Lanzmann tient «la mort pour un scandale». Et il ignore «le sens du temps». Un jour, il a 20 ans, un autre, «200». L'une de ses femmes, Simone de Beauvoir, aurait 93 ans aujourd'hui, la prochaine aura la beauté du diable. Sa fille a plus de 50 ans, son fils 8 ans. Shoah, son oeuvre sans âge, continue d'enfanter des longs métrages (Un vivant qui passe, Sobibor). Il connaît par coeur dix années de rushes, au point d'en réciter des passages entiers, comme des psaumes. «Une source intarissable, dit Lanzmann. Je ne m'attendais pas à ça. Il se trouve que soixante millions de pe