«Love me tender» sur les seins, Elvis Presley bouffi sur le ventre de son tee-shirt, elle note un numéro de téléphone sur un agenda rose Hello Kitty, jette des «fuck» comme des sorts de sa voix grave et ébréchée, cigarette aux lèvres boudeuses. Affalée dans un fauteuil, les yeux cernés, Asia Argento a des airs d'ado sortie de nuit blanche. En équilibre entre la gamine terrifiée par la nuit et les monstres sous son lit, et l'indocile qui veut avoir vécu. «L'autre jour, j'ai voulu fumer un pétard. Ça m'a rendue complètement parano, comme un petit enfant. Les drogues m'ennuient, je suis trop vieille pour ça...»
Vieille de 26 ans. Fille du maître du giallo (film noir transalpin mâtiné de fantastique et d'érotisme) italien, Dario Argento, mère d'une fillette de 6 mois, amoureuse d'un musicien de glam-rock italien. «Il a accepté toute la merde que j'avais derrière moi.» Mais il vit à Milan, loin d'elle à Rome: «Nous nous voyons quand nous pouvons, c'est mieux. Je ne suis pas douée pour les conneries du quotidien.»
Elle a sorti en France un roman, Je t'aime Kirk, «journal intime hypothétique», gauche et adolescent, qui en rajoute dans l'image d'une Asia fantasque et égocentrique, émouvante. Elle y parle d'absolu, d'amour impossible, de boutons attrapés à force de manger du chocolat.
«Ma devise: vivre vite et mourir vieille...» A 9 ans, Asia tourne son premier film. Fume régulièrement du haschisch à 14, passe à plus dur «en pleine période techno», s'en lasse aussi vite. Elle rêve de jo