Entre la Deneuve imaginaire qui s'affiche en Cruella pour la promo du film d'Ozon et la Deneuve réelle qui se matérialise dans le bar d'un grand hôtel, plus ou moins précédée de son chien Pipo, il y a évidemment et heureusement, un léger hiatus. Elle s'excuse d'avoir à régler sur son portable un problème urgent de carte de crédit, elle commande un chocolat et un café, elle fume des cigarettes de filles, extrafines, elle réfléchit avant de parler.
Comment ça va?
Un peu agitée mais ça va. Le film d'Ozon est au coeur de cette agitation. Il était grand temps qu'il sorte parce que quelques jours de plus, quelques couvertures de trop et la curiosité serait exténuée. Mais cette agitation est aussi la mienne depuis plus longtemps. Je ne sais pas si c'est dû à la sophistication croissante des communications, mais j'ai l'impression autour de moi que tout s'accélère, que le temps se rétrécit et que l'impatience augmente. Il faut lire un scénario en deux jours, prendre sa décision en deux heures, changer d'avis en cinq minutes. Quand on est happé par cette spirale-là, forcément on en fait trop.
Vous avez dit que s'il avait fallu vous décider uniquement à la lecture du scénario de «8 femmes», vous n'auriez pas fait le film?
Si je n'avais pas connu les films précédents d'Ozon, ni l'histoire ni le personnage ne m'auraient emballée. Je pense que les autres actrices du film vous diraient la même chose.
Comment ça se goupille un film comme ça?
En escalier. Au départ, c'est un film d'agent, en l'occurrence Dominique Besnehard, donc de casting. Ozon voulait tourner un remake de Femmes de George Cukor mais les droits sont bloqués par une actrice américaine. Alors Besnehard lui a pa