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Libération

After oscars

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publié le 10 avril 2002 à 22h59

J'ai tenu en main un oscar. Très agréable. Un bel objet, lourd, comme un lingot d'or. Ce n'était pas le mien, mais celui des Français qui ont gagné l'oscar du meilleur documentaire et qui, quelques secondes, me l'ont prêté, devant l'hôtel où attendait leur limousine. Ce fut l'émeute. Du portier au manager de l'hôtel, tout le monde voulait tripoter la chose.

Un oscar, en Amérique, c'est encore mieux qu'une légion d'honneur. Pour les étrangers, il ouvre en grand les portes du pays . Les sourcilleux services d'immigration octroient la fameuse carte verte de résident permanent aux lauréats, soudain assaillis par les agents, les avocats, les coiffeurs, les journalistes. Mais bientôt, il faut se remettre au travail. Yoga à l'aube, trajets en voiture, téléphone rivé à l'oreille. Au bureau, on se rue sur la presse, Variety et Hollywood Reporter, avec les rumeurs de cette capitale qui fonctionne comme une petite ville de province : les scripts commandés pour «une somme à sept chiffres» (plus d'un million de dollars) qui ne seront probablement jamais tournés, le box-office du week-end, les chaises musicales à la tête des studios. Angoisse pour ce cadre dirigeant qui a vu en «une» qu'il serait bientôt «dégagé». Fiction ou réalité ? Il n'en sait rien. Mais Hollywood n'est pas complètement coupé du monde. Les reportages télévisés sur «les attaques antisémites en France» ont surpris les habitués des vacances en Provence, pour la plupart juifs. Le consulat de France a été submergé d'appels