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Libération
Critique

Un trait grand

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Au sommet de son art animé, le misanthrope Hayao Miyazaki livre «le Voyage de Chihiro».
publié le 10 avril 2002 à 22h59

Le lancement par la Gaumont sur plus de 200 écrans du Voyage de Chihiro, le nouveau film de Hayao Miyazaki, peu de temps après la mise en vente massive du DVD de son opus précédent, Princesse Mononoke, indique qu'aux yeux des gros distributeurs français les voyants sont passés au vert pour une exploitation élargie de l'animation japonaise. Il y a ne serait-ce que deux ans, une telle chose était inenvisageable : Mononoke avait eu droit à trois fois moins d'écrans, le public, disait-on, n'était pas prêt.

Chez nous, l'a-priori défavorable stigmatisant les dessins animés japonais depuis la diffusion à haute dose à la télévision dès la fin des années 70 de séries hiératiques telle Goldorak ou Candy et le peu d'estime portée en général à l'animation par la critique cinéphile ont largement freiné la diffusion et la connaissance d'une production nippone aussi pléthorique qu'inégale. La découverte éblouie de l'oeuvre de Miyazaki (du moins ses sept longs métrages signés), projetée en décembre dernier au Forum des images de Paris au cours d'une rétrospective-événement qui a tourné à l'émeute quotidienne, donnait un aperçu des trésors à découvrir dans le gigantesque flux d'images produites là-bas à destination d'un public absolument insatiable.

Phénomène de société. Le Voyage de Chihiro, sorti au Japon en juillet 2001 (18 millions d'entrées...), peut d'ores et déjà être tenu pour un (nouveau) sommet du genre, un tour de force technique au service d'une histoire dominée par les puissances