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Libération

D'amour et de documentaire

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Ensemble ou en solo, Frans Buyens et Lydia Chagoll ont tourné près de 60 films.
publié le 24 avril 2002 à 23h09

«On s'est soumis à chaque fois l'un à l'autre», disent-ils d'une seule voix. Frans Buyens et Lydia Chagoll forment un de ces couples de réalisateurs pour lesquels le contrat de mariage cinématographique ne se réduit pas aux acquêts. Depuis plus de trente ans que ces deux cinéastes belges vivent et travaillent ensemble, chacun a défriché son propre territoire avec le soutien et le regard de l'autre. Lui, dans son combat militant de fils d'ouvrier flamand. Elle, dans son travail de mémoire d'enfant des camps. Ils réalisent des documentaires qui, comme eux serrés sur la banquette et les mains ensemble pour se raconter, se croisent intimement. En tout, près d'une soixantaine de films, à deux ou en solo, qui sont autant d'actes de mémoire et d'engagement.

«Jamais en dessous». Son premier vrai film, Frans Buyens le tourne en 1960, et il annonce sa couleur avec ce titre : Combattre pour nos droits. Un documentaire sur la grève historique qui ébranle la société belge, une bataille pour le respect des droits sociaux. L'événement le rattrape alors qu'il est en vacances près de Cagnes-sur-Mer : à la télévision française, il découvre, avec le cinéaste communiste Louis Daquin, les premières images des heurts qui opposent alors les ouvriers aux forces de police. «Tout de suite, Louis m'a parlé de faire un film, raconte Buyens, il s'est débrouillé pour me procurer de la pellicule. Je voulais le faire avec Joris Ivens, mais il m'a conseillé de tourner seul.» Buyens remonte en Belgique avec s