«C'est ça un check point ?» Les jumeaux n'en mènent pas large en franchissant le barrage qui les sépare du camp palestinien. La mère au volant rassure : «Vous êtes des invités !» On est en 2000 et le camp de Deheishe accueille Yarko et Daniel, deux jeunes Israéliens invités par deux petits Palestiniens, Faraj et Sanabel. Ce jour-là est à l'image du film de Justine Shapiro, B. Z. Goldberg et Carlos Bolado. En filmant sept enfants de Palestine et d'Israël entre 1997 et 2000, autrement dit dans une période de calme relatif, les réalisateurs ne se sont pas contentés d'en tirer une nouvelle vision du conflit. Plus bouleversante, vue par des gamins. Plus absurde, vue des deux camps. Comme une vaillante force d'interposition cinématographique, ils ont abaissé quelques barrages, mis les pieds dans les plats intégristes de tous bords. Et laissé les sept enfants envahir l'écran de leur imaginaire en prise à la tragédie quotidienne.
Sept enfants saisis intimement dans leur univers cloisonné. Yarko et Daniel, chez les juifs laïques. Moishe, dans sa colonie abritée de barbelés. Schlomo, l'ultra-orthodoxe. Sanabel et Faraj, tous deux réfugiés dans le camp de Deheishe. Et Mahmoud, l'enfant du Hamas. Bien sûr, ils jouent ici à la guerre avec la cruauté que confère, pour chacun, la proximité de la mort. La caméra les suit, attentive à la moindre faille. Moishe ou Mahmoud, qui cherchent dans la Torah ou dans les actes de propriété les preuves de leur légitimité sur cette terre. La petite soeur