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Critique

Gregorio court à la Ruiz

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Un budget ric-rac et des maladresses gâchent le scénario emballant de «Tangos volés».
publié le 24 avril 2002 à 23h09

Eduardo de Gregorio fut l'un des tout meilleurs scénaristes du cinéma aventureux des années 70, menant Bertolucci (la Stratégie de l'araignée) et Rivette (Céline et Julie vont en bateau) sur un versant fantastique se démarquant de tout naturalisme.

On a un peu perdu Gregorio de vue comme réalisateur. Pourtant, jusqu'au milieu des années 80, s'enchaînèrent avec bonheur Aspern, la Mémoire courte ou Serail, oeuvres au charme onirique et chimérique. Tangos volés est son premier film depuis douze ans (pendant lesquels il travailla pour la télévision). Gregorio y convoque les éléments de son univers d'Argentin foutraque : un tango éthéré et un écran de cinéma, porte ouverte sur des mondes parallèles. Ce que Raul Ruiz a porté au firmament durant ces douze années d'absence.

Hélas pour Gregorio, il n'a pas bénéficié des budgets conséquents des derniers films de Ruiz, et Tangos volés accuse un manque de perfection imputable à une économie ric-rac. Mais le scénario est emballant : Martin, jeune Argentin exilé à Paris pour y écrire un film sur le cinéma des années 40, entrouvre, dans les studios où il exerce le métier de projectionniste, une porte spatio-temporelle qui lui donne une vue imprenable sur l'Argentine de ses fantasmes.

Le projet de film qu'il peine à achever s'écrit dès lors tout seul, au gré des passages de figures entre les mailles du temps. Parmi elles, Sylvie Testud éprouve quelques difficultés à jouer en nuance un rôle dédoublé, passant de l'actrice poulbot galérant dans l