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Libération

Un embryon interactif

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Trois jeunes cinéastes s'immergent dans le projet expérimental Sens dessus dessous.
publié le 24 avril 2002 à 23h09

«Tu te ritualises la totalité de cette action, parce qu'on va la filmer plusieurs fois, sous plusieurs angles», explique le réalisateur Antoine Le Bos à son héros, survêtement blanc impeccable et gestes saccadés de l'homme confit d'habitudes maniaques. L'action ? Sortir un plat sous vide du frigo, le placer au micro-ondes, regarder sa montre jusqu'au top imaginaire, et enclencher le compte à rebours sur dix minutes. «L'une des scènes les plus importantes du film», explique sans rire l'assistant réalisateur de Monsieur Hubert, fiction pour la télévision interactive, qui passera à l'automne sur Arte.

Au huitième étage de cette tour de la place des Fêtes, à Paris, la minuscule cuisine est filmée sous toutes les coutures, de plan large en plan serré, depuis deux caméras numériques. A l'arrivée, trois images simultanées à l'écran «joueront avec les principaux mensonges du cinéma, les valeurs de plan et de montage, dit Antoine Le Bos. Chaque écran a sa valeur de plan, depuis la réalité banale en plan large jusqu'à l'action trash en plan serré, de manière à ce que les trois écrans opèrent une distorsion du temps. Puis, le montage mixe ces réalités». Le travail de la scripte s'en trouve compliqué, qui rajoute et griffonne son carnet de tournage, modifié en temps réel pour suivre les plans (le décompte du micro-ondes, le frigo qui s'ouvre, la montre de l'acteur...), celui du clapman aussi, qui se mélange les pinceaux entre le plan 2 de la scène 3 pour l'écran 1 et le même pour l'écran