Que la figure symbole du gamin noir de banlieue soit blanc de peau et londonien endurci importe peu. Faux rappeur, faux loubard, faux black-beur, Ali G. est un vrai phénomène en Grande-Bretagne. Adapté au cinéma, son humour trash, genre «nique ta mum», rencontre le succès adolescent attendu et soulève les cris outrés des conservateurs. Son émission, lancée sur Channel Four en 1998, The Eleven O'Clock Show, a fait sauter l'Audimat et a pris tout le monde par surprise, et d'abord ses invités. Lords ou évêques sont tombés dans le piège de son triptyque sexe, drogue et baston. Son livre, Da Gospel According to Ali G, est un best-seller. Comme prévu, son film Ali G in da House draine les foules pubères. Il s'y déguise en rappeur revu par MTV. Chevalières, bonnet, survêtement et Nike de rigueur. Les soirs de première, il assortit son uniforme d'un manteau de fourrure et d'un fume-joint. Il singe l'accent et la gestuelle d'un yardi jamaïcain et réclame le «respect» au nom sa bande imaginaire, les West Staines Massive.
En fait, il s'appelle Sacha Baron Cohen, n'a jamais mis les pieds dans la cité de Staines, et n'a quitté Londres que pour étudier à Cambridge. En quatre ans, il est devenu une institution. Dans Ali G in da House, il devient député, ministre et sauve le royaume après avoir déculotté la reine et pénétré toutes sortes de créatures. Mais ses farces supportent mal le grand écran. Son meilleur public reste la presse de droite, le Daily Mail parlant du «film britannique le