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Libération
Critique

La mante Mézières

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«Fleurs de sang», film vénéneux.
publié le 30 avril 2002 à 23h13

Le cinéma français est en manque de Myriam Mézières. Ceux qui savourèrent en leur temps les deux films-portraits qu’elle offrit à Alain Tanner ­ Une flamme dans mon coeur en 1987 et le Journal de Lady M. en 1994 ­ savent cela : cette longueur d’avance que l’Egyptienne rousse et flamboyante avait pris, déjà à l’époque, sur un certain nombre de fronts brûlants, qui auront, ces deux dernières années, débordé le Landerneau médiatique. Ainsi, elle est la personnalité capable de dialoguer avec Catherine Breillat sur ce qu’est la représentation du désir féminin, sur la manière dont le cinéma ou les mots peuvent rendre compte de la brutalité et de la douceur soyeuse de cette jouissance. Qui filme comme on se donne, dans un lien charnel continuellement à vif, sans fausse pudeur ? C’est bien elle...

Avec Tanner. Pour la première fois, d'ailleurs, Fleur de sang est cosigné : par Alain Tanner et par elle. On aimerait revoir ces deux films où Tanner la regardait aimer, en contrepoint de cette fleur, pour pouvoir juger si, en sautant le pas de la co-réalisation, Myriam Mézières fait basculer le regard vers une sphère plus intime encore. Mais ce n'est pas nécessaire : dans notre souvenir, Tanner savait déjà se camper derrière l'ouragan Mézières. Voici un tandem qui fonctionne en totale complicité.

Ce film, c'est donc celui de Myriam Mézières, si généreux, si bouillant, si dur, si intense et si interlope qu'on peut lui pardonner pas mal. Quoi ? Un certain déséquilibre entre ce qui, passionném