6 mai 1958. La première fois que j'ai vu Vertigo. J'avais presque 18 ans. J'ai compris ce qu'était le cinéma : créer des images dont on tombe amoureux. L'histoire parvient à être à la fois romantique et cinématographique: la perfection même. J'ai par la suite réalisé des variations de Vertigo, comme Obsession ou Body Double, mais ce film m'a inspiré et obsédé toute ma vie.
22 novembre 1963. L'assassinat de Kennedy. La mort de JFK a traumatisé tous les Américains de ma génération. Je l'ai appris en plein tournage de mon premier film, The Wedding Party. Ce jour-là, l'Amérique a définitivement perdu son innocence, ressentant ensuite une profonde méfiance à l'égard de ses dirigeants. Dans les années 50, sous Eisenhower, nous avions baigné dans l'idéalisme. Après la mort de JFK, c'était fini.
20 juillet 1969. Les premiers pas sur la lune, regardés sur un écran géant à Central Park. Ce fut l'ultime lueur de l'idéalisme de l'«ère» Kennedy, une émotion post mortem en quelque sorte. Il avait promis d'envoyer un homme sur la lune et c'est effectivement arrivé. Ces images montraient que l'Amérique pouvait consacrer sa technologie à de belles choses enthousiasmantes, pas seulement à des buildings ou à des armes.
3 novembre 1976. La première projection de mon film Carrie, le tournant de ma carrière. J'avais jusqu'alors réalisé cinq films indépendants fauchés et la Warner m'avait viré de Hollywood. J'avais 36 ans et Carrie était seulement mon deuxième film produit par un studio, la United Ar