Agé de 35 ans, père de famille, instruit, Rabah Ameur-Zaïmèche est un homme calme et plutôt doux qui dit des choses dures après les avoir filmées sans concession dans son premier long métrage, Wesh wesh, qu'est-ce qui se passe ? Sa langue, cordiale, est un drôle de mélange d'excellent français, de baragouin politico-universitaire postmarxiste et de verlan. Il faut prendre le film et son cinéaste tels qu'ils sont. C'est-à-dire très utiles et généreux dans le relais qu'ils font jusqu'à nous des voix qu'on n'entend pas : les habitants de la cité des Bosquets filmés dans Wesh wesh sont aussi les premiers acteurs muets du débat électoral en cours, au nom desquels les politiques s'expriment sans nécessairement les connaître. Typique de sa génération placée entre deux chaises, deux cultures, deux pays, deux langues, Rabah Ameur-Zaïmèche est aussi typique de ses contradictions : pour défaut de service militaire, il est indésirable en Algérie, dont il a conservé la nationalité, et se trouve donc «étranger» dans le pays où il a toujours vécu, la France. Ici, il n'a pas le droit de vote, mais il exerce avec vigueur son droit d'opinion. Pourquoi et comment a-t-il tourné Wesh wesh ? Rabah Ameur-Zaïmèche a bien voulu se repasser le film en notre compagnie, commenter ses propres images et raconter les très difficiles circonstances de son tournage.
Le titre.
«"Wesh wesh", c'est le "qu'est-ce qui se passe ?" en version rebeu. Ça s'installe bien, en ce moment. Ça fait partie de ce qu'apporte la