Va savoir était à l'automne, le plus aérien des films de Rivette, porté par six personnages en quête de hauteurs. Il faudra désormais compter avec Va savoir +, qui n'est pas la version longue du premier mais sa version originelle. En trois heures quarante, le dix-huitième opus rivettien acquiert un centre de gravité dont l'axe tient dans une plus large présence du théâtre. Ce théâtre qui, de l'Amour fou à Jeanne les prisons, de la Bande des quatre à la Belle noiseuse, aura hanté tout le travail rivettien. Où le cinéaste dialogue avec ses maîtres (Renoir, en tête) et ses aînés (le dernier Oliveira, à qui Va savoir aurait pu emprunter son titre : Je rentre à la maison). Et de converser avec nous sur ce qui anime depuis quarante ans son petit théâtre de grand cinéma.
La version longue de «Va savoir» est nommée «Va savoir +»...
Cette décision est venue bien avant le limogeage de Pierre Lescure... mais il y a longtemps que l'on sentait le vent venir. La graphie du titre me plaisait, et c'était un renvoi à Canal +, notre coproducteur, dont on n'a pas à se plaindre, sans qui il n'y aurait pas de version longue.
A la sortie de «Va savoir», cet automne, vous avez annulé tous vos entretiens. Aujourd'hui, vous souhaitez vous exprimer. Doit-on interpréter cela comme un déni de la version courte ?
Pas du tout, sinon je ne l'aurais pas signée. Dans ma carrière, il y a eu des versions courtes faites contre ma volonté, celle de l'Amour fou (qui n'existe plus, h