Lundi matin, dans le quartier de l'Opéra, la critique était conviée à la projection de presse de Spider-Man, le film de Sam Raimi qui sortira en France le 12 juin et qui a déjà battu, le week-end dernier aux Etats-Unis, les records d'affluence du ci-devant champion Harry Potter. Dans Spider-Man, le gentil, qui s'est fait mordre par une araignée mutante, est joué par Tobey Maguire et le méchant Bouffon vert est incarné par Willem Dafoe. A la fin, le méchant meurt mais le gentil ne convole pas pour autant avec celle qu'il aime, la rouquine Kirsten Dunst. On pourrait ajouter ceci : le plus beau plan de Spider-Man est un travelling arrière qui saisit le jeune Maguire au moment de son premier jet de soie et de ses premières cabrioles dans le ciel new-yorkais. Il y aurait bien d'autres choses à dire à propos de Spider-Man mais les spoilers les plus néfastes, vous les connaissez désormais.
Le spoiler et le spoiling sont les derniers mots à la mode dans l'internationale cinéphile, l'une des communautés les plus mondialisées qui soient, une diaspora dont la culture et les réflexes, de Tokyo à New York, s'harmonisent ou s'uniformisent, à la vitesse d'un inquiétant galop. Les spoilers, ce sont ces informations inopportunes dont les critiques remplissent imprudemment leurs articles et qui gâchent au spectateur le plaisir de «découvrir» un film. Le spoiler canonique consiste à dire, par exemple : «Dans "Sixième Sens", Bruce Willis est déjà mort et n'existe que dans le regard de l'enfant q