Menu
Libération

Rassam, rêves et provoc

Article réservé aux abonnés
A la Cinémathèque, hommage au producteur aventurier disparu en 1985.
publié le 15 mai 2002 à 23h28

En rendant hommage à Jean-Pierre Rassam, la Cinémathèque honore la dernière, ou peut-être la seule, grande aventure de production du cinéma français. Il fut le jeune nabab d'un cinéma d'auteurs qu'il finança, régala, anima durant les années de feu des seventies, produisant tour à tour et simultanément Jean-Luc Godard (Tout va bien), Jean Yanne (Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Moi y en a vouloir des sous), Maurice Pialat (la Gueule ouverte, Nous ne vieillirons pas ensemble), Marco Ferreri (la Grande Bouffe, Touche pas à la femme blanche), Robert Bresson (Lancelot), Roman Polanski (Tess), Barbet Schroeder (Idi Amin Dada) et avançant à Jean Eustache de quoi commencer la Maman et la putain.

Une suite au Plaza. Etudiant à Sciences-Po, dix ans plus tôt, au début des an nées 60, Jean-Pierre Rassam est très vite attiré par le cinéma, plus particulièrement fasciné par les producteurs. Au point que ce fils de grande bourgeoisie libanaise veut de toute force en faire son métier au sortir de l'école de la rue Saint-Guillaume. Il se choisit un exemple et un mentor, Barbet Schroeder, de peu son aîné, qui vient de fonder en 1964, avec Eric Rohmer, la société des Films du Losange. Barbet Schroeder s'en souvient : «Quand je l'ai rencontré, il avait 22 ans, et déjà une idée fixe : produire des films. On s'est vus durant toutes les années 60, où il était un brillant rêveur. La décennie suivante, c'était une autre ambiance : il avait réussi et était entouré de personnage