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Critique

Amer outremer

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Un épisode sombre et peu connu de l'histoire de la Guadeloupe.
publié le 29 mai 2002 à 23h38

Christian Lara aura attendu quatre ans pour que son film Sucre Amer soit visible dans les salles de cinéma. Quatre ans pour que sa sortie sur les écrans coïncide avec le bicentenaire de l'épopée du peuple guadeloupéen. Réalisé en 1998, Sucre amer raconte en effet l'histoire de ces habitants qui, en mai 1802, refusèrent que Napoléon rétablisse l'esclavage dans ce département français alors que la Convention l'avait aboli huit ans plus tôt.

Bataille. Journaliste puis cinéaste de l'outre-mer ­ Coco la Fleur (1978), Vivre libre ou mourir (1980), Black (1987)... ­, Christian Lara, petit-fils d'historien guadeloupéen, a reconstitué dans sa douzième fiction cet épisode peu connu de l'histoire de France. Pour aborder cette période où «la France a mal à son histoire», Lara a choisi de rappeler la chronologie des événements grâce au procès intemporel d'Ignace, un charpentier noir analphabète devenu chef de bataillon de l'armée française. Il est accusé par ce tribunal de l'histoire d'avoir trahi son armée en s'insurgeant quand celle-ci est venue lui remettre les fers.

Pour mieux comprendre, petite leçon d'histoire. En 1794, la Guadeloupe est occupée par les Anglais. Commissaire de la République, Victor Hughes organise la rébellion des esclaves : il leur rend la liberté et en arme 10 000 contre les Anglais. La première scène du film est d'ailleurs une bataille sur une plage où Ignace prend dans ses bras un officier blanc, tué aux combats. En 1797, la Guadeloupe est déclarée département fr