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Libération

«Emprise», «L'Intrus»

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par BAYON
publié le 29 mai 2002 à 23h38

Démarquage lointain, selon un amateur, du navet God Told Me To de 1976, Emprise a ses charmes. C'est un film sur la vie de famille, donc l'inceste donc la mort. On n'y trouve que des salauds, plus ou moins démoniaques et puérils. Le happy end à la Soif du mal est à frémir. Mais on ne frémit pas car c'est du Grand-Guignol ­ autrement dit du cinéma. Le héros à gueule d'ange est à surveiller : Matthew McConaughey ; c'est lui l'oeil en coin de l'affiche.

Un peu plus loin, la salle 2 de l'UGC Orient-Express, pas très vaste, présente un micro-écran disposé de travers ; il faut s'asseoir en biais pour être au point. A gauche, trois bourgeois cinéphiles papotent. De la musique yéménite ou corse diffuse. Le voisin de droite renifle de façon tracassante. Mais on est là pour John Travolta.

Et si c'était lui le messie de la profession ? Dans l'Intrus du jour, à l'affiche trompeuse, il a le cheveu laineux plaqué en arrière à la Blow Out, d'avant la transfiguration par la grâce de l'Eglise scientologique ­ qu'on ne bénira jamais assez pour ce résultat.

Travolta est un ravissement. Il n'a qu'à paraître, avec ou sans ailes, tentacules, barbiche ou ogive nucléaire, et un film est sauvé, nous concerne, nous plaît.

La dernière fois que le cinéma nous a comblés, Travolta menait la danse en Machiavel Ben-Ladenicide, juste avant les Tours : Opération Espadon. Là, doux et costaud, honorable, espiègle et droit, il est le papa rêvé d'un enfant du divorce.

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