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Libération
Critique

Goupil éclectique

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Entre docu et fiction, «Une pure coïncidence» mélange les genres.
publié le 29 mai 2002 à 23h38

Oublier le marketing idiot qui tente de «vendre» le film sur son ambiguïté (réalité ou fiction ?). Ne pas se laisser rebuter par le caractère a priori militant du dernier opus du réalisateur de Mourir à 30 ans. Et jouir simplement d'un thriller tourné comme un home movie.

Romain Goupil et cinq de ses copains préparent un casse. Enfin, pas exactement : la bande de potes ex-soixante-huitards monte une opération coup de poing à Paris contre une officine qui rackette des sans-papiers. La petite caméra numérique tenue par Goupil dévoile façon docu une préparation minutieuse, mais aussi joyeuse et déconneuse. On discute du coup autour d'une maquette des lieux, on peaufine les détails techniques, on planque devant l'officine des passeurs maquillée en bureau de change. Et on passe à l'action. C'est de la fiction, ou peut-être pas. Peu importe : c'est le portrait de groupe que l'on retient.

«Gueules». La bande à Goupil, anciens gauchistes ou responsables syndicaux, est une collection de «gueules». Leur envie d'en découdre s'est recyclée dans l'antifascisme et la défense des sans-papiers. Au hasard d'un trajet dans Paris, ils cassent la figure à un colleur d'affiches du FN sous l'oeil de la caméra. L'une des séquences les plus troublantes du film.

Une pure coïncidence aurait pu prendre la forme d'un docu-dénonciation à la Michael Moore. Ou d'une fresque à la Glauber Rocha. C'est tout autre chose : les quinquas montent leur opération avec un tel enthousiasme d'enfants, entre deux parties