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Bulles et bile

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Spleen adolescent sur fond de monde marchand terrifiant: après son fameux documentaire sur le dessinateur Crumb, l'Américain Terry Zwigoff réussit l'adaptation de «Ghost World», la BD-culte de Daniel Clowes.
publié le 5 juin 2002 à 23h50

Los Angeles correspondance

Dans son bureau impersonnel qui sent la peinture fraîche, Terry Zwigoff a l'air totalement misérable. Barbe indécise, cheveux en bataille, il semble à la croisée grisonnante de Bob Balaban, qui joue le père d'Enid dans Ghost World, et d'un croquis du dessinateur Crumb, qu'on peut entrevoir dans le film éponyme qui a révélé Zwigoff. Il se prépare à tourner Bad Santa («méchant Père Noël») pour Miramax à la fin du mois. Quand on s'étonne de voir cet obsédé du contrôle diriger un film qu'il n'a pas écrit et pour une maison pas vraiment réputée pour la liberté de ses auteurs, il hausse les épaules : «Enfin, on m'a laissé réécrire un peu. Et j'aimais bien l'histoire.» Il réfléchit une seconde, guère convaincu : «Et puis ça me fait du bien de travailler sur un truc moins personnel. Mes autres films, Louie Bluie, Crumb, Ghost World, me tenaient tellement à coeur, j'étais tellement investi dedans, que c'était la torture intégrale dès qu'il fallait renoncer à quelque chose.» ça tombe bien, parce qu'il a perdu Bill Murray, qui devait jouer le Père Noël trucideur dans cette histoire écrite par John Requa et Glenn Ficarra, le tandem de Cats and Dogs. «Il avait accepté le rôle. Je le trouvais idéal, parce qu'il est important que le Père Noël n'ait pas une tête de tueur. Bill Murray, tout le monde l'aime, quoi qu'il fasse. C'était signé, on a bloqué l'emploi du temps de tout le monde, et, du jour au lendemain, plus de Bill Murray. Son agent prétend ne pas savoir o