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Libération
Critique

Fritz Lang en manga

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Le Japonais Rintaro se réapproprie totalement «Metropolis».
publié le 5 juin 2002 à 23h50

Par un raccourci historique inattendu, le plus proche voisin de palier esthétique du manga est le vieux cinéma muet. Chaque fois, depuis trois décennies, qu¹une nouveauté plastique ou industrielle a surgi pour réveiller la machine rouillée du cinéma (vidéo, clip, jeu vidéo), elle s¹est frottée aux inventions des origines : féerie de Méliès ou gigantisme des années 20, dont le Metropolis de Fritz Lang reste l¹éternel parangon.

Objet théorique. Voici donc la troisième adaptation de Metropolis en vingt ans. Il n¹y a pas de hasard dans cette résurgence du classique de 1926. Le musicien Gorgio Moroder, en 1985, livra une version où sa disco croisait les aciers trempés ; Jeff Mills, pape de la techno de Detroit, ratatina il y a deux ans l¹épopée langienne en un clip d¹une heure qui reliftait les images à coups de montage haché, de colorisation tous azimuts et de bande-son futuriste. Les Japonais, eux, sont plus directs : cette adaptation animée témoigne d¹une volonté de réappropriation totale, voire d¹amnésie, qui donne à ce Metropolis des airs d¹objet théorique inépuisable.

Rintaro, cador reconnu de la planète animée, célèbre pour avoir signé les aventures du flibustier intergalactique Albator, a songé à Metropolis pour questionner son époque et ses doutes, et prouve combien ce film vieux de 70 ans charrie à lui seul toute l¹utopie du monde. Mais le manga animé s¹adresse à une génération dotée d¹une mémoire si neuve qu¹elle n¹a jamais entendu parler des années 20 autrement que comm