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Libération

«Infidèle», «Mission Evasion»

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par BAYON
publié le 5 juin 2002 à 23h50

Sous sa petite moumoute neuve, on a du mal à prendre le colonel Bruce Willis (McNamara) au tragique ; d'ailleurs il ne casse pas la baraque (27) du Stalag VI servant de cadre typique (44) à «la petite évasion» du jour : Mission Evasion. Des caractères assez bien distribués de ce huis clos de la débâcle (boches discrets, libérateurs prisonniers, officiers noirs victimes du racisme allié), c'est Colin Farrell qui ressort. Témoin l'affiche originale : Harts'War. Ce lieutenant Hart est notre homme. Beau brun lâche comme tout le monde (sous la torture, il cède au «1er degré»), il est l'antihéros et attrait de cette affaire d'hommes, avec la musique western et un nazi désabusé.

Entre générique pâmé et carrefour freudo-cartésien final (cours de philo sur «la liberté»), l'héroïne fait beaucoup pour la réussite du mélo-thriller bovaryen. Infidèle. Ce titre (Unfaithfull en anglais) sonne religieux ; de fait, l'obscur objet du désir du film est le tabou. Ou comment nos sociétés éclairées restent génitalement, surtout au féminin, obscurantistes ; prisonnières des pires préjugés sur le «désastre» de l'infidélité.

La femme fatale, lignée le Lauréat, est Diane Lane. Négligeable dans telle Prison de verre, elle incarne ici idéalement le trouble sexuel sur le retour. Affolée par la bourrasque balayant rues et écran, saisie dans la grâce à peine pathétique de la bascule hormonale, c'est la sensualité épanouie selon le peintre Bonnard, disant : «La femme commence à 40 ans.»

Pour accoupler cette M