Vienne de notre correspondant
Pendant des décennies, un seul réalisateur autrichien a réussi à percer les frontières de son pays : Michael Haneke. Depuis trois ans, d'autres noms commencent à se distinguer sur la scène internationale. Ulrich Seidl, 50 ans et huit longs-métrages, représente un des phénomènes les plus intéressants de ce «nouveau» cinéma autrichien. Son film Canicule est en train de remporter un succès considérable : il est déjà vendu dans une vingtaine de pays (des pourparlers sont en cours avec la France, étonnamment hésitante) et a atteint, avec 100 000 entrées nationales, un score remarquable à l'échelle de l'Autriche.
Dans une veine proche de l'écrivain Thomas Bernhard ou de Michael Haneke, Canicule est pourtant comme un coup de poing envoyé avec une précision diabolique dans l'estomac du spectateur national. Dans un style hyper réaliste, le réalisateur met à nu la profondeur sombre et souvent laide de l'âme de ses concitoyens. Construit comme une suite de portraits terrifiants de la petite bourgeoisie autrichienne, le film n'a pas véritablement d'histoire, ce qui ne l'empêche pas de captiver à chaque minute un spectateur, parfois amusé, souvent irrité. Le parallèle avec l'oeuvre de Michael Haneke est évident : les deux cinéastes osent explorer froidement les profondeurs des «perversions sexuelles». Abordé dans Canicule, ce sujet constituait la trame du dernier Haneke, la Pianiste, où l'on voit un professeur de piano (Isabelle Huppert) proposer à son élève (