L'attachement que l'on éprouve pour le casting de Lulu dépasse la simple raison critique : passer une heure trente en compagnie d'Elli Medeiros et de Jean-Pierre Kalfon, quelque part dans un delta camarguais entre les Saintes-Maries-de-la-Mer et Marseille, à écouter une BO composée d'inédits de Jacno (en duo avec Héléna), voici une proposition de cinéma. On ne refuse pas.
Torpeur de saison. Ce film s'avance avec des airs bienvenus de refuge, comme l'abri d'une salle à l'ombre du monde, photographié par Renato Berta dans ce climat de torpeur qui va à la saison comme un gant caressant. Il signe, heureuse nouvelle, les trente ans de cinéma de Jean-Henri Roger, ancien compagnon de lutte de Godard au sein du groupe Dziga Vertov, dont on était sans nouvelle depuis Cap canaille et Neige, réalisés voici près de vingt ans avec Juliet Berto.
Lulu, femme énigmatique, est «de celle qui garde les secrets». Elle les cache bien : sous sa plastique fatale, qui soupçonnerait celui qui fut un jeune adolescent ambigu, fréquentant les bancs des courses de taureaux, devenu prostitué à Marseille, et désormais femme (et quelle femme : c'est Elli Medeiros !), tenant avec John, son compagnon (Gérard Meylan, de chez Guédiguian), le «Lulu». Un bar.
Quand son ancien proxo (Tony Gatlif) revient demander des comptes, et que l'on retrouve ce dernier étendu sur le parking, Lulu n'a d'autre choix que la fuite pour organiser un rendez-vous en terrain neutre avec un commissaire de police (Bruno Putzulu), convain