Menu
Libération

L.A., lettres ou le néant

Article réservé aux abonnés
publié le 19 juin 2002 à 0h00

«Où est Hollywood ?» me demandent toujours les amis de passage à Los Angeles, étonnés de ne pas voir scintiller les célèbres lettres dans leur champ de vision. Je leur fais un signe vers l'est, une lointaine colline. Les courageux partent à pied. Hollywood, de près, est décevant, logiquement : le symbole du cinéma américain est comme un décor de studio, super à l'image, sur la pellicule, et plutôt cradingue quand on s'approche. Mais tout de même, le nom sonne bien, même si le quartier dilapidé de Hollywood n'a pas grand-chose à voir avec le rêve hollywoodien peuplé de beaux, riches et célèbres. Aujourd'hui, on a oublié qu'un promoteur immobilier dynamique avait, en 1923, collé sur la colline de grandes lettres publicitaires, «Hollywoodland», pour vendre ce nouveau lotissement. Le «land» est tombé, comme d'ailleurs la plupart des lettres de Hollywood, jusqu'à ce qu'elles soient rénovées dans les années 70. Le quartier commence maintenant à sortir de la dépression économique, et voilà qu'il se réveille pour déterrer la hache de guerre. Hollywood mène en effet, depuis quelques semaines, sa première guerre d'indépendance. Après 92 années de vie commune, le quartier veut se séparer de L.A. et devenir une ville autonome (182 000 hab.). Les électeurs se prononceront le 5 novembre par référendum. Los Angeles pourrait perdre Hollywood sans trop pleurer, mais pas les lettres blanches sur la colline : imaginez que le VIIe arrondissement de Paris fasse sécession et s'arroge la tour Eiff