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Libération
Critique

Paire de claques d'Espagne

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«Salvajes», premier film très noir de Carlos Molinero.
publié le 19 juin 2002 à 0h00

Salvajes, premier long métrage de l'Espagnol Carlos Molinero, est un film énervé qui, du début à la fin, ne se calmera jamais. Caméra à l'épaule, gros plan à la limite du flou, bande-son souvent saturée, montage précipité. C'est physiquement difficile. Mais, moralement, c'est encore plus éprouvant. Car si ce film a autant la bougeotte qu'un épisode de New York Police Blues, c'est que son sujet remue.

Ames perdues. En Espagne, dans un terrain vague du port de Valence, une bande de skinheads tabasse un Sénégalais qui magouille dans le convoyage de clandestins africains. Parmi eux, deux jeunes frères, Guillermo et Raul. L'aîné est veilleur de nuit, l'autre attend l'anniversaire de ses 18 ans pour s'engager dans les paras. Deux garçons tragiques, tristes et fascistes qui beuglent des slogans nazis en se défonçant aux drogues dures. A la maison : leur tante Berta, infirmière et Mère courage de substitution qui les a élevés après la mort des parents, et Lucia, leur petite soeur, maquée avec un petit voyou qui orchestre le trafic des immigrants.

C'est une nichée d'âmes perdues. La violence qu'ils prodiguent est la violence qu'ils se font à eux-mêmes. Incapables d'aimer ou de s'aimer sans se mordre ou s'automutiler. Le flic Eduardo, malade et alcoolique, entre dans leur décor pour enquêter sur le massacre du Sénégalais, pour tomber amoureux de Berta.

On va dire que ça suffit comme ça, que le film en jette trop dans notre marmite, indigeste voire ridicule à force de noirceurs empilées.