Lancé à l'occasion du Festival de Cannes, l'hommage à Jacques Tati, vingt ans après sa mort, et à Playtime, somme burlesque, manifeste dévastateur, tourne au tri om phe : l'été sera complètement Tati. A Chaillot, Playtime, tourné en 1967, renaît restauré, dans le format-cadre voulu par le maestro, un 70 mm taillé à la mesure des façades d'immeubles et des halls d'aéroport, des couleurs faites pour le ciel d'azur, une bande-son prête à accueillir les moindres variations des talons claquant sur le sol ou d'une fête qui vire à la décadence.
L'équipe des Films de mon oncle (Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff) a conçu l'ambiance qui entoure le film avant et après la projection, faisant revivre le grand théâtre froid de Chaillot comme aux beaux jours de la culture pour tous à la Jean Vilar. Le hall résonne dès 19 h 30 aux accents d'une fanfare d'une douzaine de Tati zazou, rouges de chaleur dans leur tenue de monsieur Hulot. Puis, dans la salle, viennent les «attractions», où la troupe propose des variations sur les registres du maître : le concert loufoque (l'un fait très bien la poule et le chien), le numéro comico-sportif (l'arbitre de foot qui avale son sifflet), une soubrette digne de la Folle complainte de Trenet, avant que les voix ne rivalisent d'ardeur pour faire monter haut les jets d'eau de l'avant-scène. Correspondances et allusions, ces attractions poétiques lancent le film qui se clôt par un bal musette, de retour dans le hall du théâtre.
Playtime ressort sur les écran