Comment font-ils, les Larrieu, pour s'octroyer tant de libertés et jouer en bande avec cet espace qui les entoure depuis l'enfance en continuant à s'amuser ? Sur le journal illustré qu'ils tiennent à coups de Polaroïd et de haïkus depuis le début du tournage, on peut lire, au débotté, des petites phrases comme celle-ci, datée du 30 avril : Jean-Marie : «Il faudrait être plus serré.» Arnaud : «Non, si tu aimes le texte, il faut le laisser entendre.» Deux frères, l'un en plan large, dans l'oxygène, dans le cadre, l'autre en plan serré, dans la respiration, dans le jeu d'acteur. Deux exigences complémentaires pour que naisse un nouveau genre, burlesque et contemplatif.
Arnaud répond en tête. «On aime toujours être surpris. Il fut une époque où on découpait tout au préalable. Aujourd'hui, on arrive sur les lieux et, à partir du scénario, on improvise un découpage. Je ne m'interdis plus rien, des mouvements, des panos, et j'en passe... On a même un chariot à roulettes à Paris, presque un travelling. La surprise, ça peut commencer par la technique : c'est la première fois qu'on a le luxe de pouvoir filmer en 35 mm. Avant, on faisait tout en 16 mm. Mais on monte directement sur table, on ne veut pas passer par l'Avid, le numérique. On est sans doute les derniers à le faire. C'est pas pour faire chier, juste que c'est plus sensuel, tactile. Et notre cinéma, avant sa dimension cocasse, est avant tout sensuel. Ça passe par le nu, par la lumière et par la chanson, puisque le film se bar