D'abord il y a la voix pas vraiment un chant des sirènes, tant elle est rauque et grave qui vous attire dans le noir. Sur l'écran, l'image avale une autoroute californienne, autour de Los Angeles, à la vitesse d'une voiture en mouvement. La voix de Chantal Akerman converge et diverge, alternativement, par rapport à la route, racontant l'histoire d'une femme de ménage mexicaine disparue sans laisser d'adresse. Ce mystère est la première scansion de l'installation From the Other Side, présentée actuellement à la Documenta de Kassel (Libération du 11 juin).
Question de côté. Dans une salle adjacente, également plongée dans l'obscurité, dix-huit moniteurs développent une théorie de rangées parallèles. Ils déroulent des séquences d'une dizaine de minutes chacune. On va du Mexique aux Etats-Unis. D'un côté, les visages scrutés de près forment les portraits singuliers des candidats à l'immigration clandestine. De l'autre, ce sont des lieux anonymes, balayés par le vent ; une route illuminée de plots d'éclairages dignes d'une rencontre du troisième type ; des murs dressés par les autorités d'immigration. C'est tout le paysage idyllique du western qui est ici défiguré par les marques de la restriction du passage et de l'exclusion. Un autre écran superpose les documents d'archives prélevés chez les autorités d'immigration américaines aux images filmées en temps réel, sur le terrain.
From the other side (l'intitulé inscrit sur le cartel de l'installation) peut se traduire de deux man