Menu
Libération
Interview

«J'ai l'âme japonaise»

Article réservé aux abonnés
Jeanne Moreau a présidé le festival de Yokohama.
publié le 26 juin 2002 à 0h05

Tokyo de notre correspondant

En 1992, Jeanne Moreau avait été la première présidente du festival du film français de Yokohama. Dix ans après, la comédienne a accepté de présider à nouveau, du 18 au 24 juin, ce moment privilégié de la présence culturelle française au Japon, pays avec lequel elle s'est liée d'affection au fil de ses visites. Retour sur une complicité unique entre l'actrice et l'archipel, qui continue de vouer un culte à la Nouvelle Vague et constitue aujourd'hui le premier marché d'exportation pour les longs-métrages hexagonaux.

Lors de la soirée d'inauguration du festival, votre séance d'autographes a duré plus d'une heure et aurait pu s'éterniser. A quand remonte cette popularité au Japon ?

Je l'ai sentie dès ma première visite, en 1970. J'étais venue avec une délégation de réalisateurs et d'acteurs français, à l'invitation de l'exposition internatio nale d'Osaka. François Truffaut était avec nous. Pierre Cardin était déjà installé à Tokyo. Je me souviens comme si c'était hier de notre arrivée à l'aéroport : le couturier, grand seigneur, nous guidait, entouré d'admiratrices japonaises. J'ai tout de suite senti cette complicité. Les gens avaient vu mes films et ceux de François. La magie du Japon, c'est cette curiosité, cette qualité du public, alors que tant de différences nous séparent : culinaires, esthétiques, culturelles, religieuses. Me plonger dans ces différences me ravit. Truffaut, lui, préférait se tenir à l'écart. Le Japon l'intimidait et devoir enlever ses chaussures à l'entrée des maisons et des visites le traumatisait. Même la cuisine l'inquiétait. Il me demandait de tout goûter pour lui et de lui indiquer la s