Menu
Libération
Interview

«Il est parti en me laissant son dernier scénario»

Article réservé aux abonnés
Souvenirs de Ninetto Davoli, acteur, amant puis ami de Pasolini.
publié le 10 juillet 2002 à 0h21

Ninetto Davoli est l'homme qu'aima Pier Paolo Pasolini pendant plus de dix ans, de leur rencontre sur le tournage de la Ricotta en 1962 à leur rupture en 1971, puis au mariage du jeune homme, en 1973. Ninetto, boucles brunes, sourire aux lèvres, corps de ragazzo, est encore un apprenti menuisier issu d'une famille nombreuse et populaire quand il apparaît pour la première fois chez Pasolini, dans l'Evangile selon saint Matthieu. Puis il joue l'inoubliable fils de Toto dans Uccellacci e uccellini, superbe couple comique qui ressuscite Charlot et le Kid ; il sera ensuite l'ange messager dans Théorème, OEdipe, Porcherie, et le personnage central de la Trilogie de la vie : l'Andreuccio fier de sa virile beauté dans le Décaméron, le Peterkin pique-assiette des Contes de Canterbury, l'Aziz des Mille et une nuits, passant de femme en femme, d'épreuves sensuelles en initiations érotiques, avant le mariage et l'émasculation finale.

Présent dans onze films de Pasolini, Ninetto Davoli est la joie, l'amour du cinéaste, mais aussi sa peine, son malheur ­ la rupture sentimentale de 1971 est terrible, le cinéaste écrit à un proche : «Ninetto est fini, n'existe plus. J'ai perdu le sens de la vie, je ne pense qu'à mourir ou à des choses de ce genre. Tout s'est effondré...» (1) Même après la rupture, ils n'ont cessé de se voir, quasi tous les jours. Vingt-cinq ans après la mort de son mentor, Davoli raconte leurs dernières années, du travail sur la Trilogie de la vie à l'ultime regard sur un co