Los Angeles correspondance
La disparition d'Ivan Moffat est largement passée inaperçue, en partie à cause de la date de sa mort (le 4 juillet, fête nationale), mais aussi parce qu'il faisait partie de cette race en voie de disparition : l'homme bien né, dont la vie est plus intéressante que ses accomplissements. Dans le cas de Moffat, personnage transatlantique issu d'un père photographe américain et d'une actrice anglaise, Iris Tree, demi-soeur du cinéaste Carol Reed, presque tout passait par les femmes.
Né à La Havane en 1918, éduqué à l'anglaise, membre du Gargoyle Club où il fréquente des gens comme l'écrivain aventurier Patrick Leigh Fermor, Ivan Moffat fera néanmoins sa guerre dans l'unité spéciale des US Signal Corps dirigée par George Stevens, avec qui il filme (en couleurs) la libération de Paris, puis celle de Dachau, ramenant les images les plus impressionnantes du siècle dernier. Et sans doute les plus importantes. A Paris, il se lie avec Natasha Sorokin, la «protégée» russe de Sartre et de Beauvoir. Il finira par l'épouser.
Voisin d'Isherwood. Son association avec Stevens l'amène à Hollywood, où il travaille longtemps comme assistant et script-doctor pour le cinéaste : I Remember Mama (1948), A Place In the Sun (1949), Shane (1953), mais aussi Giant en 1956, dont il cosigne l'adaptation avec Fred Guiol. Malgré la naissance d'une fille, Moffat divorce, et s'ensuit une série de liaisons avec un nombre impressionnant de femmes intéressantes, dont Caroline Blackwood, q