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Libération
Critique

Le Dogme du mal

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Entre reportage et fiction, l'histoire d'un salaud ordinaire.
publié le 14 août 2002 à 0h39

Moment volé. Les mains de l'enseignant palpent les seins d'une fille. Elle le repousse. Il continue. Elle cra que : «Je suis lesbienne.» Il se redresse, «dégage». Strass dépeint les petites tyrannies d'un salaud ordinaire. Venue enquêter sur les méthodes de Pierre Radowsky, professeur de théâtre mégalomane, inventeur d'une méthode d'apprentissage révolutionnaire (la «pédagogie ouverte»), une équipe de jour nalistes découvre les jeux malsains qui se déroulent dans le conservatoire.

Ce «dogme belge, en drôle» (dixit Vincent Lannoo) est acide et savoureux. Garde-chiourme dégoulinant d'hormones, Pierre Lekeux est exécrable à souhait en Radowsky. Il pelote, tripote, fricote. Il vomit des insultes, claque les portes et voudrait tant culbuter ses étudiantes. On le déteste avec délectation. Au hasard des scènes, le jeu de Lekeux fait aussi apparaître les fêlures de l'odieux personnage. Il vocifère, «je vais demander ton renvoi». Et puis se calme, «mais aimez-moi !». Etrange empathie, ce pourri, tout à coup, se révèle attachant, et ses humiliations laissent un goût amer.

Téléréalité. Avec ironie, Vincent Lannoo montre du doigt les silences imposés et les tabous ridicules. Sans avoir l'air d'y toucher, le réalisateur règle ses comptes et met la téléréalité devant ses responsabilités. Opportunisme, soif de sensationnalisme, qui manipule et qui subit ? La caméra, portée par l'équipe de journalistes, est une voyeuse. Elle se tapit dans les coins et saisit les coups de gueule, les abus, les