Au sein d'un cinéma indépendant américain assez largement conventionnel, il est l'un de ceux qui sortent leur épingle du jeu. David Williams, la cinquantaine grisonnante, est un Blanc qui ne filme que des Noirs, un peintre qui s'est découvert cinéaste, un ethnologue qui se mettrait à raconter des histoires, mais surtout : un oeil exceptionnel. Souvent, au plus près des visages, ou à la recherche de silhouettes qui s'évaporent dans le lointain, il regarde des gens qui ont fini, très vite, par devenir ses ami(e)s. Lillian (1993) raconte la vie de cette femme de 50 ans au visage de madone fatiguée qui passe ses journées à résoudre les problèmes des autres. Thirteen (1997) est l'histoire de sa fille adoptive, Nina, qui part à l'aventure, seule sur les routes, chez des inconnus, alors qu'elle vient de fêter ses treize ans. Auparavant, Williams a réalisé quinze courts métrages, pour la plupart des portraits, intimes, ordinaires et intenses, vibrants. Oui, c'est ainsi qu'on peut parler de David Williams : un cinéaste qui fait vibrer les choses et les gens.
D'un outil à l'autre
«J'ai fait des études d'ingénieur mais, dès le début, j'ai su que je voulais devenir un artiste. C'est comme ça que tout a commencé, à partir d'un désir : je me suis mis à peindre. Puis j'ai considéré que faire des photos avait soudain plus de sens, ce qui était une passerelle vers la réalisation de films, que j'ai abordée ensuite. Je passe d'un outil à l'autre, mais le motif profond reste l'envie de représente