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Libération

De l'école à l'écran

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Restituer l'univers scolaire n'est pas un jeu d'enfant.
publié le 28 août 2002 à 0h46

Une tortue. OEil interrogatif, elle dodeline de la carapace, se fraie un passage entre les pieds de tables. Une autre pointe la tête. Même jeu, mais sur un autre parcours. La salle sourit. Puis s'apprête à se lasser. Cut.

Cette scène, qui vient presque en ouverture d'Etre et avoir, dure assez longtemps ­ c'est-à-dire juste un peu trop ­ pour évacuer le doute : ce plan est bien un projet cinématographique, l'exacte expression de l'interstice dans lequel s'immisce le film de Nicolas Philibert, celui de la lenteur, du trébuchement, de l'ineffable. Il le dit : «Avant de faire ce film, j'avais oublié à quel point il est difficile d'apprendre, mais aussi de grandir.» Cela, il est l'un des rares à tenter de le montrer. Si bien qu'au regard de l'histoire des représentations de l'institution scolaire à l'écran, Etre et avoir s'offre avant tout comme 1 h 44 de hors champ ; l'entomologie d'un non-dit (en fait, un «non-montré») : l'acte d'enseigner.

L'école à l'écran ; histoire conflictuelle. «Depuis sa naissance, le cinéma n'a cessé d'entretenir avec l'école des rapports marqués par l'ambiguïté, [notamment] par l'image peu satisfaisante, voire caricaturale, qu'il a donnée de l'institution scolaire», posait l'historien Didier Nourrisson en ouverture du colloque Cinéma-école : aller-retour (1). De fait, quand le cinéma s'intéresse à elle, l'école a intérêt à numéroter ses abattis. Il y a presque autant de raisons de craindre que de films.

«Enfer». D'abord avec les anciens élèves rancuniers,