L'affaire Romand, du nom de ce type qui assassina sa famille en 1993 après s'être fait passé pendant des années pour le médecin qu'il n'était pas, a débouché sur un curieux patchwork où s'emboîtent un roman (l'Adversaire, d'Emmanuel Carrère) et deux films : l'Emploi du temps, de Laurent Cantet (sorti en septembre 2001), qui prenait ses distances d'avec «l'histoire vraie», et l'Adversaire, de Nicole Garcia, directement inspiré du livre.
Dévouement dangereux. Par crainte peut-être d'être mal comprise dans son interprétation du drame, la cinéaste indique en prologue qu'«il y a pire qu'être démasqué, ne pas être démasqué». Perspective qu'elle tient de bout en bout, au risque trop souvent d'être sans surprise. Ce fait divers ne pouvait que fasciner une actrice-réalisatrice se disant intéressée par les fêlures masculines, et un acteur tragique comme Daniel Auteuil : qu'un monsieur-tout-le-monde puisse s'inventer un rôle de toutes pièces et s'y tenir pendant plus de quinze ans, et que la seule issue à la fiction dans laquelle il a jeté toute sa vie soit la mort, résonne inévitablement comme une caricature époustouflante du syndrome de l'acteur et de son dévouement dangereux à ses propres subterfuges.
L'imposteur, Jean-Marc Faure dans le film, ne souffre-t-il pas d'être un acteur clandestin, de n'avoir ni public ni applaudissements ? Si Garcia ne s'aventure pas explicitement aussi loin, Auteuil le suggère sans cesse, y compris malgré lui : il n'y a pas de reconnaissance possible de so