Menu
Libération
Critique

Salton Sea, une mer agitée

Article réservé aux abonnés
publié le 28 août 2002 à 0h46

On ne va pas vous faire le coup du chef-d'oeuvre, mais il y a plus de vie dans ce truc faisandé que dans bon nombre de films s'annonçant plus fréquentables, le Blood Work de Clint Eastwood venant aussitôt à l'esprit. Et un conseil : ne surtout pas s'enfuir au bout de trois minutes, comme on en aurait normalement envie en voyant Val Kilmer, photogéniquement ravagé, en train d'expirer de la trompette sur fond de billets verts en flamme. Après pareille carte de visite du parfait faiseur, issu soit de la pub soit de la télé, ça ne peut qu'aller en s'améliorant. Et, de fait.

Arpèges. Kilmer, comme 88 % des héros de films hollywoodiens ces dernières années, est inconsolable depuis la mort de sa femme. La plongée sans espoir de retour de notre homme a au moins l'originalité de sa drogue : au lieu de la coke ou de l'héro, on explore le monde des tweakers, aficionados du crank (cette drogue inventée par les Japs pour sustenter leurs pilotes kamikaze). Ce topo visuel fait partie de l'impressionnant arsenal tarantinien déployé par D.J. Caruso pour donner le change sur la nature profondément frelatée de ce qu'il va raconter : scènes hyperkinétiques et réussies avec les foudroyés du crank (D.J. le bien nommé tourne ça à vitesses variables et extrêmes ouvertures d'objectif pour mieux déboussoler, un peu comme du sampling), personnages bien vus et attachants, épisodes outrageux qui restent en mémoire. Si les sentiments sont bidons, donc, les arpèges visuels et auditifs sont presque nourriss