Edimbourg envoyée spéciale
Onze heures du matin. Depuis deux bonnes heures, la même scène se répète dans une ruelle du centre de Bourges. «Papa, papa, j'ai failli pas te voir.» Au milieu de la rue, Gérard Meylan se retourne et ne bouge plus, regard noir perçant, impressionnant. Un moment de silence et on coupe. Frédéric Videau tourne son premier long métrage, Variété française, après le Fils de Jean-Claude Videau, un moyen remarqué l'an passé. «Ce qui se joue ici, c'est un geste, un regard, un sourire, un peu d'humanité et rien d'autre», avance-t-il pour expliquer ce qui lui a plu dans la prise sélectionnée. Le jeune cinéaste est acteur et réalisateur, travail intense, pesant : se mettre à la fois dans la peau du fils de Gérard Meylan et dans celle d'un réalisateur qui contrôle, décide, dirige cette petite entreprise.
Petits riens. Variété française, c'est l'histoire d'une famille a priori comme les autres, qui s'enroule sous forme de couplets et de refrains comme dans une chanson populaire, ça s'en va, ça revient, et puis ça dérape et ça devient tragique. De tous petits riens. On ne sait trop ni comment ni pourquoi, peut-être par amour d'un père pour son fils ? Toujours est-il qu'un jour la folie l'emporte. Un film qui fait alterner le solaire et l'obscur.
Sous un soleil de plomb, les vingt membres de l'équipe s'activent. On ajuste les places devant une porte jaune envahie par la vigne vierge, on déplace les panneaux réflecteurs pour faire de l'ombre sur les pavés. Bleu de tra