Menu
Libération

La vie dans un virage

Article réservé aux abonnés
«La Cage», belle rédemption montagnarde d'une ex-taularde, disséquée sur la route par Alain Raoust et son actrice, Caroline Ducey.
publié le 4 septembre 2002 à 0h51

La Foux d'Allos (Alpes-de-Haute-Provence) envoyé spécial

Il faut compter deux heures pour monter d'Aix-en-Provence à la vallée d'Allos, à 2 200 mètres d'altitude, là où les Alpes finissent par dessiner des aiguilles. Deux heures de route, portion difficile et cours d'eau capricieux, deux heures de tournants. La Cage dure un peu moins de deux heures, mais son temps aussi chemine, sauvage et entêtant. C'est là, dans ce nid des Alpes du Sud, que nous emmène ce matin la voiture du réalisateur, Alain Raoust, de virage en virage, un bon prétexte pour peu parler. Alain Raoust, aux allures de Dutronc, est ainsi : il préfère montrer. A sa droite, à ladite place du mort, Caroline Ducey, la plus vivante des jeunes actrices françaises. Et nous derrière, facturant une question du kilomètre.

«La Cage a été tournée dans le respect de sa chronologie, en septembre et octobre 2001, je ne pouvais l'imaginer autrement.» A quoi distingue-t-on les bons films des médiocres sinon à cette détermination des premiers à s'inventer des contraintes qui leur vont comme des gants. Quand les mauvais cinéastes se rassurent en répétant que le cinéma peut tout, une poignée décide que ce pouvoir doit se délimiter un territoire, avec ses règles du jeu, sa loi. Ici, donc, la chronologie : pour que la caméra capte un trajet qui ne soit pas que géographique, et qu'un personnage connaisse ce luxe inouï de voir celui ou celle qui l'incarne se métamorphoser, se fondre en lui, pour que l'acteur prenne conscience des étap